Maïs 2019 : difficultés et ambitions

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Maiz’Europ’ organisait ce jour sa conférence de presse annuelle de bilan de campagne. Sans surprise les conditions climatiques de l’année se sont avérées stressantes pour les cultures tout au long de la campagne et ont affecté, à des degrés divers, l’ensemble des productions maïsicoles : grain, fourrage, semence et doux. En maïs grain, les surfaces 2019 ont atteint 1,43 millions d’hectares mais 50 000 ha environ ont été récoltés en fourrage. Ainsi, sur la base d’un rendement national estimé par l’institut Arvalis à 89,3 quintaux / hectare, la production nationale 2019 atteindra 12,3 millions de tonnes.

Des difficultés météorologiques

Les surfaces de maïs grain ont renoué avec la croissance, après 5 années de baisse, et augmentent de 5 %. Avec 89,3 qx/ha le rendement moyen, inférieur à la moyenne quinquennale de 96,7 qx/ha, masque de très fortes hétérogénéités. Les résultats sont sans surprise au rendez-vous pour les cultures irriguées, à l’exception des zones impactées par des arrêtés d’irrigation. Les conditions climatiques de l’année montrent, une fois de plus, tout l’intérêt du stockage de l’eau pour sécuriser la production. Les surfaces de maïs fourrage restent stables avec 1,4 millions d’hectares emblavés. Les mêmes difficultés ont affecté les cultures fourragères et les résultats seront également hétérogènes en quantité – de 6 à 18 t MS/ha – comme en qualité. En maïs semence, la surface a augmenté de 13 % à 68 500 ha. Le pic de chaleur, pendant la floraison, a pénalisé les rendements. Le résultat technique moyen sera inférieur à l’objectif et voisin de 90 %. Avec 22 000 de maïs emblavés, la surface de maïs doux est en baisse de 6 % par rapport à l’an dernier. Alors que les récoltes se terminent, les résultats semblent conformes à l’objectif.

Un climat politique et social orageux

Le Président de l’AGPM Daniel Peyraube a affirmé la participation de la maïsiculture au mouvement syndical de la FNSEA et des JA : « Il faut en finir avec cette habitude d’ajouter toujours plus d’entraves et des contraintes à la production française tout en facilitant les importations des pays tiers. Il faut aussi cesser l’agribashing alors que le monde agricole est épuisé par les difficultés économiques et la perpétuelle remise en cause de ses pratiques. Cette démarche mortifère ne pousse pas à l’excellence bien au contraire ». Pourtant les attentes citoyennes sont légitimes et la maïsiculture s’est engagée dans la transition vers une moindre utilisation de produits phytos, en témoigne le faible IFT de la culture. Mais pour aller plus loin il faudra lever certaines incohérences et pouvoir :

– S’adapter au changement climatique grâce à la mise en place d’infrastructures de stockage de la ressource en eau, partagée avec d’autres acteurs et dans le cadre des projets de territoires
– Accéder aux nouvelles biotechnologies végétales grâce à une révision de la règlementation européenne inadaptée aux techniques d’aujourd’hui. Les techniques actuelles d’édition du génome offrent des possibilités en matière de tolérance des plantes aux ravageurs et au manque d’eau. – Protéger le revenu des agriculteurs grâce à la mise en place d’un dispositif assurantiel efficace et simple. La PAC actuelle permet de faire évoluer le dispositif national à condition que la volonté politique soit là.
– Refuser les accords internationaux facilitant l’importation des produits dont les consommateurs ne veulent pas. Les Etat de l’UE doivent cesser de creuser les écarts de compétitivité à la défaveur de leurs agriculteurs et de tromper leurs concitoyens qui consomment, sans le savoir, toujours plus de produits dont ils condamnent les modes de production.

L’AGPM et la filière maïs, réunis en Congrès à Toulouse les 13 et 14 novembre, partageront ces préoccupations avec le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Didier Guillaume. L’AGPM révèlera à cette occasion son plan stratégique et son engagement pour la durabilité du maïs français.