Lettre des marchés 645

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MONDE : Invasion de l’Ukraine par la Russie

L’invasion de l’Ukraine par la Russie provoque une volatilité extrêmement importante pour le marché du maïs. Après l’invasion, les cours de l’échéance mars à Chicago ont pu atteindre jusqu’à 283 $/t avant de refluer du fait de liquidations importantes de positions par les opérateurs dans ce contexte d’incertitude géopolitique majeure. De ce fait, les cotations doivent être analysées avec précaution ces temps-ci, elles sont avant tout nominales. La guerre perturbe le marché du maïs du fait de la position de l’Ukraine comme 4e exportateur de maïs au monde. L’invasion russe bouleverse évidemment la logistique en Mer Noire (voir partie Europe). Un conflit durable pourrait également perturber les semis de maïs au printemps pour la campagne 2022/23. Les autres marchés de matières sont également sous fortes tensions : la Russie est le 1er exportateur mondial de blé et l’Ukraine est également un exportateur majeur. Les deux pays dominent également le marché de l’huile de tournesol.Enfin la Russie est également un exportateur majeur de matières premières non agricoles : engrais, aluminium, palladium…et surtout de produits énergétiques (gaz et pétrole). Dans un contexte déjà tendu, les prix de l’énergie sont en forte hausse. Le baril de pétrole a ainsi dépassé le niveau des 100 $, une première depuis 2014. Les sanctions des pays occidentaux vont par ailleurs grandement désorganiser les échanges du reste du monde avec la Russie notamment du fait de la suspension du réseau bancaire russe de SWIFT, ce qui va ralentir et renchérir les échanges interbancaires, et du fait des sanctions pesant sur la banque centrale russe qui vont limiter ses possibilités de mobiliser ses réserves pour faire face à la crise. De ce fait, le rouble se dépréciait fortement ce lundi et perdait déjà plus de 30% de sa valeur. Si les fondamentaux du marché sont évidemment passés au second plan avec l’invasion, et devraient le rester quelques temps, les opérateurs ont été attentifs au forum « Outlook » de l’USDA en milieu de semaine passée. Celui-ci donne les 1ères perspectives officiels de l’année pour les surfaces semées. En maïs, les surfaces semées sont projetées à 37,2 Mha, légèrement au-delà des attentes des opérateurs mais en baisse de 567 Kha par rapport à 2021. Le maïs perdrait des surfaces au profit principalement du soja. Fin mars, les sondages auprès des agriculteurs devraient affiner ce chiffre obtenu par modélisation.

EUROPE : Logistique impactée en Mer Noire

La guerre affecte lourdement la logistique en Mer Noire. Les ports d’Odessa et de Mikolayiv ont subi des attaques empêchant les chargements. La navigation en Mer d’Azov est interdite, empêchant les exportations russes par Rostov. En Russie les terminaux de Novorossissk,  sur la Mer Noire, sont encore en activité. En Moldavie, Roumanie et Bulgarie les chargements se poursuivent également. Le contexte est très incertain alors que des navires marchands ont été attaqués ou arraisonnés par la Russie ces derniers jours. De ce fait les flux céréaliers en Europe sont très perturbés et les prix des matières premières s’en ressentent ce qui laisse envisager une aggravation du ciseau de prix pour les éleveurs. En moyenne, 1 tonne de maïs sur 8 consommée dans l’UE vient d’Ukraine.

FRANCE : Suspension des cotations

La situation des derniers jours a conduit de nombreux OS à suspendre temporairement les cotations. A noter également, la possibilité de remettre en place des volailles à la fin mars dans les zones du sud-ouest touchées par l’influenza aviaire