Corn Market 295

Télécharger

MONDE : Prix alimentaires mondiaux en forte hausse

Du 25/02 au 04/03, les cours de l’échéance mai à Chicago ont gagné 24 $/t pour se situer 297 $/t. La semaine reste marquée par une volatilité extrêmement importante liée à l’invasion de l’Ukraine et à la perturbation des flux commerciaux de nombreuses matières premières agricoles (maïs, blé, huile de tournesol…) et énergétiques. Dans ce contexte, les fondamentaux restent au second plan. Du fait de la situation géopolitique, les prix alimentaires mondiaux sont en très forte hausse. L’indice de prix de la FAO en février, aux prémices de l’invasion, a augmenté de 24% par rapport à février 2021. Il se situe à son niveau le plus élevé depuis 2011-2012, période où les prix alimentaires avaient été un facteur de déclenchement des Printemps Arabes. Rappelons que l’Ukraine et la Russie exportent 30% du blé dans le monde, environ 20% du maïs et plus de 80% de l’huile de tournesol. De ce fait, les capacités à s’approvisionner des pays importateurs seront un élément clé de la situation mondiale dans les prochains mois. Après l’annulation d’un appel d’offre égyptien, les appels d’offre algériens et tunisiens sur le blé seront suivis avec attention par les opérateurs. Les prix du pétrole continuent d’augmenter fortement et dépassent 120 $/baril, au plus haut depuis 10 ans. Alors que les exportations russes de pétrole pourraient être visées par une nouvelle salve de sanctions, l’attitude de l’Arabie Saoudite sera suivie avec attention par les opérateurs. Ce pays dispose en effet de réserves à même de se substituer en partie à l’offre russe mais reste lié à la Russie par l’OPEP+ et ses accords de commercialisation du pétrole. Aux Etats-Unis, l’administration Biden réfléchirait à un aménagement voire à une suspension du mandat d’incorporation d’éthanol dans le carburant afin de limiter le contexte inflationniste. Du fait de ce mandat, en moyenne, 35% de la production américaine de maïs est destinée à la production d’éthanol. En Chine, le gouvernement a annoncé craindre la plus mauvaise récolte de blé de son histoire, avec une perte de production de l’ordre de 20% du fait d’aléas climatiques, ce qui pourrait renforcer la tension inflationniste. Par ailleurs, de nouveaux cas de peste porcine africaine ont été détectés dans l’Est du pays. En Amérique du Sud, la météo reste favorable aux semis de maïs safrinha au Brésil et aux maïs tardifs en Argentine. Les producteurs brésiliens craignent un manque d’engrais, principalement pour la prochaine campagne, du fait des sanctions touchant la Russie et la Biélorussie.

EUROPE : Restrictions aux exportations

La guerre en cours continue de limiter fortement la navigation en Mer Noire. Le port de Mikolayiv en Ukraine ainsi que celui d’Odessa, par lesquels transitent 90% des exportations ukrainiennes agricoles, font partis des objectifs de l’armée russe. Des navires civils ont de nouveau été attaqués par la Russie la semaine passée. La compagnie ferroviaire ukrainienne annonce pouvoir expédier des grains vers les pays voisins en vue de les réexporter mais cela reste au stade d’annonce à l’heure actuelle. L’inquiétude grandit concernant les semis de printemps qui ne se feront que très partiellement du fait de la situation sur place. Certains pays restreignent leurs exportations pour limiter l’inflation alimentaire locale : Moldavie et Hongrie en particulier.