Rester attentif à l’évolution des populations de chrysomèle. Depuis les premières détections d’insectes en France, la chrysomèle est désormais présente dans plusieurs régions : Alsace, Auvergne Rhône Alpes, mais également Nouvelle-Aquitaine, Bourgogne-Franche-Comté et Ile-de-France. Les dégâts occasionnés sur les racines par les larves augmentant le risque de déficit hydrique de la plante, les conséquences en 2022 ont pu être particulièrement importantes. L’enjeu est bien d’anticiper et de suivre au plus près les évolutions de populations.
Le chiffre du mois : 20 ans, c’est le nombre d’années écoulées depuis la première détection de la chrysomèle en France
LA CAMPAGNE 2022 AURA ÉTÉ PARTICULIÈREMENT FAVORABLE À LA NUISIBILITÉ DE LA CHRYSOMÈLE DU MAÏS
20 ans après les premières détections sur le territoire, des dégâts significatifs de la chrysomèle du maïs ont été constatés dans certains secteurs en 2022. Les conditions séchantes de l’année ont largement amplifié l’incidence du ravageur. Néanmoins, l’Institut travaille sur les moyens pour continuer à cultiver du maïs malgré la présence de chrysomèle du maïs.
DES DÉGÂTS FACILES À OBSERVER DANS DE NOMBREUSES PARCELLES EN ALSACE ET EN RHÔNE-ALPES
C’est en Rhône-Alpes que la chrysomèle du maïs a été la plus dommageable en 2022 avec des dégâts constatés cette année à l’échelle de parcelles entières en combe de Savoie et, dans une moindre fréquence, dans les marais de Bourgoin-Jallieu. En Alsace, il était facile d’observer des larves dans l’appareil racinaire du maïs au cours du mois de juin mais les dégâts économiques liés aux larves sont néanmoins restés relativement discrets. Ces différences de nuisibilité entre régions et même entre parcelles au sein d’une même région sont imputables à des différences d’abondance de population de chrysomèle du maïs, mais pas seulement : les interactions entre la période d’installation de la culture, l’exposition de la culture aux larves de chrysomèle du maïs et les conditions hydriques plus ou moins stressantes ont été déterminantes sur l’incidence de la chrysomèle du maïs.
Des attaques de larves préjudiciables
Ainsi, des attaques très intenses de larves de chrysomèle du maïs au cours du mois de juin, en pleine installation de la culture, ont pu réduire – parfois anéantir – l’appareil racinaire des plantes. Compte tenu des conditions particulièrement chaudes et sèches rencontrées au cours des premières semaines de juin, les plantes n’ont pu survivre et ont séché avant la floraison au cours du mois de juillet. Dans certaines parcelles bénéficiant de meilleures conditions d’implantation, d’un retour salvateur de précipitations significatives ou plus précoces, les plantes ont pu survivre, puis régénérer des racines à une période au cours de laquelle la chrysomèle du maïs est en nymphose, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de larve susceptible de consommer les racines du maïs.
Il suffit de regarder les campagnes 2021 et 2022, campagnes dont les conditions climatiques estivales sont particulièrement contrastées, pour se rendre compte de la forte variabilité de l’incidence de la chrysomèle du maïs sur le rendement de la culture entre années, et en particulier de la très forte interaction avec les conditions hydriques. L’impact a été fortement atténué grâce à l’irrigation mise en œuvre précocement et poursuivie tout l’été.
Un vol d’adultes précoce
Plus faciles à observer que les larves, les adultes ont été particulièrement remarqués en 2022 dans ces deux régions à la fois pour leur précocité et pour leur abondance en début d’été. En effet, les premiers adultes ont été constatés dès la mi-juin, soit avec 3 à 4 semaines d’avance par rapport à une année normale (1 à 2 semaines d’avance par rapport à 2020 qui était déjà précoce). Le plus surprenant est sans doute l’ampleur d’un vol très précoce, avec un maximum d’adultes observés au cours de la dernière semaine de juin et de la première semaine de juillet. Le vol très intense d’adultes de chrysomèle du maïs a donc parfaitement coïncidé avec les floraisons des parcelles les plus précoces. Cela a conduit à de nombreuses interrogations sur la nuisibilité potentielle des adultes, en particulier sur l’incidence de la consommation des soies sur les risques de défaut de fécondation. Même si le nombre d’adultes visibles sur soies a parfois pu être très impressionnant et des dégâts sur soies ont été très fréquemment observés – voire généralisés dans de grandes zones de parcelles ayant fleuri plus précocement, les problèmes d’épis mal fécondés sont au final restés rares, et rarement imputables aux dégâts d’adultes de chrysomèle du maïs. Un autre fait marquant concernant la dynamique de vol des adultes en 2022 est la diminution très forte des captures dès la mi-juillet (à une période au cours de laquelle les populations ont plutôt tendance à s’accroitre en année normale), que les parcelles aient fait l’objet ou non d’un traitement insecticide ciblant la pyrale du maïs (positionné fin juin/début juillet dans le contexte de l’année). Rappelons que la chrysomèle du maïs est largement présente dans les pays au climat continental où les fortes chaleurs estivales n’impactent pas sa survie.
De nombreuses régions où la chrysomèle du maïs est fréquemment capturée, mais en abondance encore limitée
En Nouvelle-Aquitaine, Bourgogne-Franche Comté et Ile-de-France, des adultes de chrysomèle du maïs ont été capturés dans plus de 50 % des parcelles surveillées (à l’aide de pièges à phéromone). Cela signifie que la chrysomèle est désormais bien établie dans l’ensemble de ces régions. Il faut ajouter également la région PACA compte tenu des captures obtenues au cours des années antérieures. Dans ces régions, les captures continuent d’augmenter mais demeurent largement en dessous des valeurs susceptibles d’occasionner une nuisibilité sur maïs. Il convient de rester attentif en poursuivant la surveillance et, dans la mesure du possible, de substituer le maïs par une autre culture en 2023 dans les parcelles où de nombreuses captures ont eu lieu en 2022.