AGPM Info technique 510

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Désherber tout en épargnant le maïs. Toute la complexité du désherbage repose sur le compromis suivant : éliminer les adventices et épargner la culture en place. Un bon désherbage ne doit pas être seulement efficace, il doit également être sélectif. Cela repose donc sur une bonne connaissance des substances actives utilisées, ainsi qu’une bonne anticipation des facteurs environnants, en particulier des conditions climatiques le jour du traitement, mais également avant et après. Car cela peut avoir une grande influence sur les capacités des plantes à « digérer » l’herbicide.

Le chiffre du mois : 6 feuilles, au-delà de 6 feuilles, le maïs est plus sensible aux herbicides, en particulier ceux des familles des auxiniques et des sulfonylurées.

RECONNAÎTRE LES ACCIDENTS LIÉS À LA PULVÉRISATION D’HERBICIDES

La météo du printemps 2021 est capricieuse : le sec en avril, puis les températures froides, le vent, et localement des précipitations importantes sont autant de conditions limitant les interventions de désherbage qu’il soit mécanique ou chimique. Les conditions météo qui précèdent et qui suivent l’application sont primordiales pour l’efficacité de traitement mais aussi pour limiter les effets indésirables sur la culture. Voici quelques clés pour identifier les conditions d’apparition des accidents liés à la pulvérisation de produits phytosanitaires.

RÉUSSIR LA POST-LEVÉE

Pour l’efficacité des traitements, les conditions de températures et d’hygrométries sont importantes mais c’est le stade des adventices qui est déterminant. Les doses de produits à appliquer seront adaptées à la flore présente en tenant compte du stade et de l’espèce la plus difficile à contrôler. Il convient de traiter sur des adventices peu développées : maximum 2-3 feuilles pour les graminées et 4-6 feuilles pour les dicotylédones annuelles. Pour certaines espèces plus difficiles à détruire comme Ia mercuriale annuelle ou les renouées (des oiseaux ou liseron), il est conseillé de ne pas dépasser le stade 3-4 feuilles pour assurer une meilleure efficacité. Il est recommandé d’intervenir avant le stade 8-10 feuilles du maïs pour éviter l’« effet parapluie ». Il faut éviter si possible de traiter en plein après le stade 6-8 feuilles du maïs pour les produits les moins sélectifs. En effet, plus la plante est développée, plus elle va absorber une fraction importante des herbicides appliqués. De plus, la structure de la cuticule évolue à partir de la septième feuille, stade à partir duquel elle devient plus facilement pénétrable. Le traitement doit impérativement s’effectuer alors que l’hygrométrie est élevée (65 % minimum) ; avec des températures comprises entre 10 et 25 °C dans les 48 heures après le traitement et en évitant d’intervenir sur des maïs stressés. Par temps sec les applications devront donc être réalisées tôt le matin (au lever du jour) ou bien en toute fin de soirée, en privilégiant les applications matinales.

Le volume de bouillie recommandé est de 100 à 400 l/ha avec un optimum entre 150 et 200 l/ha. Afin d’assurer un bon niveau d’efficacité des herbicides de contact utilisés seuls (bromoxynil, bentazone ou pyridate), leur application doit être réalisée avec un volume d’eau suffisant (200 l/ha minimum) pour correctement « mouiller » et atteindre les adventices, surtout si les stades de la culture et des adventices sont déjà bien avancés. Impact des conditions d’application sur l’efficacité et la sélectivité des herbicides foliaires systémiques.  Les herbicides, en particulier les produits systémiques (sulfonylurées et dérivés auxiniques) mais aussi tricétones, sont d’autant plus efficaces qu’ils sont appliqués en conditions « poussantes », c’est-à-dire dans des conditions favorables à la croissance des adventices et donc à la systémie des matières actives dans les adventices : maintien de températures douces et d’une humidité relative de l’air > 60 % pendant 8 à 10 jours. Au-delà de l’efficacité, les conditions climatiques pendant les jours qui précèdent et suivent le traitement vont également conditionner le risque de voir apparaître des phytotoxicités. Le stade du maïs a également son importance : il vaut mieux éviter de traiter après 6-8 feuilles.
• Les conditions stressantes sont définies par des jours où la température journalière
minimale < 10 °C et la température maximale > 30 °C.
• Les conditions poussantes correspondent à des jours où la température journalières
minimale > 10 °C et la température maximale < 30 °C.