AGPM Info économie N°600 – Février Mars 2025

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Paroles et paroles et… paroles ! Alors que l’heure est au bilan de la 61ème édition du Salon International de l’Agriculture, on aurait pu être pris en flagrant délit d’excès de confiance ! C’était sans compter sur la pugnacité du Gouvernement à nous faire mentir, puisqu’ils n’ont pas manqué, tout juste les portes fermées, de revenir sur l’engagement martelé dans les allées du Parc des Expositions de la Porte de Versailles : l’inscription sans délai, la semaine du 7 avril, de l’examen de la PPL Duplomb à l’Assemblée nationale ! Texte que la puissance publique sait pourtant être crucial pour des agriculteurs et des filières dans l’urgence ! Dont acte, nous continuerons de faire pression jusqu’à ce que les paroles se transforment en acte !

Le chiffre du mois : 80, c’est le nombre de RDV politiques effectués par l’AGPM au SIA 2025

MARCHÉ

QUELLE POLITIQUE DOUANIÈRE AUX ÉTATS-UNIS ?

hausse aux Etats-Unis en 2025, le bilan mondial du maïs devrait rester plutôt sain. La volatilité, d’ores et déjà de retour, devrait toutefois s’accentuer avec les décisions douanières de Donald Trump. Une dégradation macroéconomique mondiale n’est pas à exclure.

Des surfaces de maïs en hausse aux Etats-Unis en 2025

Les fondamentaux restent sains au niveau mondial. A court terme, pour la fin de la campagne en cours 2024/25, les stocks mondiaux restent tendus, au plus bas depuis 2013/14 : mauvaises récoltes chez certains grands producteurs en 2024 (UE, Argentine, Ukraine…) et recul de la vague inflationniste suscitant un retour de la demande mondiale, qui profite au maïs américain, expliquent cette situation. Les prévisions de stocks américains pour la campagne en cours ont ainsi été revus en forte baisse ces derniers mois et devraient, compte-tenu du maintien d’une demande dynamique, continuer à être revus en baisse dans les mois qui viennent. Ce d’autant plus que les maïs sud-américains ne sont pas encore présents sur le marché.
La production en Argentine devrait retrouver un niveau moyen, malgré des aléas climatiques en janvier, après une année 2024 catastrophique. La récolte est en cours mais cette origine manque encore de compétitivité à l’export. Au Brésil, les surfaces de maïs safrinha sont en légère hausse, tirées par le boom de la production d’éthanol, et les conditions de cultures restent bonnes à ce stade. Ce maïs ne sera toutefois pas présent sur le marché avant sa récolte en juillet.
En France, en revanche, les stocks pour 2024/25 sont attendus à un record (3,1 Mt) : malgré une compétitivité nominale, les problèmes de qualité sanitaire sont pénalisants. Cette situation devrait continuer à limiter tout éventuel mouvement haussier. Reste la question des surfaces américaines de maïs pour 2025. Prévues sans surprise, compte-tenu du ratio de prix soja/maïs, en forte hausse par l’USDA fin février (38 Mha), elles ont été une nouvelle fois revues en hausse fin mars dans le sondage sur les intentions de semis (38,6 Mha) ce qui en ferait les surfaces les plus importantes depuis 2013. Est-ce de nature à changer radicalement le profil du bilan mondial ? On peut en douter : avec environ 50 Mt, les stocks américains pour la campagne 2025/26 seraient certes lourds mais pas inédits. Quoi qu’il en soit, le rythme des semis américains et les prochaines publications de l’USDA début mai et fin juin rythmeront traditionnellement l’évolution des prix dans les prochains mois avant que la météo sur la Corn Belt ne prenne le relais en juillet.

Donald Trump accentue la volatilité des prix

Avec ses multiples annonces douanières depuis son investiture le 20 janvier dernier, Donald Trump accentue la volatilité des prix, faisant craindre une déstabilisation des bilans mondiaux et plus largement une dégradation économique mondiale. En ciblant tout d’abord ses voisins du Mexique et du Canada, D.Trump a inquiété les opérateurs y voyant un risque majeur pour les débouchés de la filière maïs américaine. Malgré les atermoiements, ce risque demeure notamment au Canada qui a d’ores et déjà annoncé que l’éthanol américain, dont il est le 1er importateur, pourrait faire l’objet de représailles. La Chine a ensuite été visée, conduisant à des représailles sur les produits agricoles américains. L’Union Européenne en a fait les frais à son tour mais compte répliquer à la mi-avril en taxant notamment le maïs américain par un droit de 25 %. Ce taux prohibitif inquiète les importateurs européens qui ont accentué leurs achats par précaution au mois de mars, craignant pour leur couverture de fin de campagne.

Enfin, les exportateurs américains s’inquiètent d’un autre projet de D. Trump : une taxe portuaire de 1,5 million de dollars pour tout navire fabriqué en Chine et/ou battant pavillon chinois. Les opérateurs estiment qu’une telle taxe pourrait générer un surcoût de fret d’au moins 40 % pour le maïs !
Ces premiers coups de semonce, et les craintes qu’ils engendrent en matière de déstabilisation des bilans céréaliers, ont provoqué une forte volatilité ces dernières semaines. Celle-ci se renforce avec les annonces de Donald Trump le 2 avril sur sa politique douanière générale. Après avoir repoussé ces annonces par deux fois, il a finalement décidé de cibler la plupart des pays de droits de douane massifs, entre 10 % et 50 % (20 % pour l’UE), qui s’ajoutent aux droits touchant déjà certaines catégories de produits. Ces annonces vont déstabiliser une grande partie des flux commerciaux mondiaux et déstabilisent à ce titre le prix des matières premières, dont celui du maïs. Elles font également courir le risque d’une déstabilisation macroéconomique mondiale majeure !

SIA 2025 : 61ÈME SALON INTERNATIONAL DE L’AGRICULTURE

UNE ÉDITION PLUS APAISÉE MAIS DE FORTES REVENDICATIONS

Chaque année, au Salon International de l’Agriculture, le principal objectif de l’AGPM est de travailler à porter, auprès des décideurs, les problématiques de la filière maïs et des producteurs de façon à lever les freins à la production, améliorer la compétitivité, accéder à l’innovation, mettre un terme aux situations de concurrence déloyale, protéger le revenu des producteurs ou encore leur permettre d’accéder à l’irrigation et faciliter le stockage de l’eau. Durant cet événement incontournable qui permet de mettre en lumière le monde agricole durant 10 jours, l’AGPM travaille à montrer aux visiteurs que le maïs est une céréale source de nombreuses solutions pour l’ensemble des défis qui se dressent devant nous.

L’AGPM partie-prenante majeure du stand d’Intercéréales

Pour l’édition 2025 de ce SIA, l’interprofession céréalière a choisi d’illustrer son stand autour du thème :
« Les céréales : territoires, talents, transitions ». Aussi, cette année le stand a permis de présenter les différentes cultures et leurs différents stades de transformation via un silo à grains pédagogique. Également, un fournil, avec différents pains du monde dont du pain au maïs, et une machine à pop-corn ont été installés pour le grand public. Enfin, plusieurs éléments d’informations : des portraits ou des infographies sur l’export ont complété ce stand. Pour la partie institutionnelle, le stand permet de recevoir confortablement nos interlocuteurs politiques. En plus des rendez-vous politiques et institutionnels, le Salon de l’Agriculture a été l’occasion pour l’AGPM de communiquer largement auprès de la presse et des médias, avec de nombreuses prises de parole médiatiques d’élus, plusieurs plateaux TV et une dizaine d’animations pédagogiques de 2h chacune à destination du grand public.

Un haut-lieu de rencontres politiques à tous les niveaux

Chaque année, les rencontres politiques et institutionnelles au SIA sont bien le coeur de l’activité de l’AGPM afin de représenter et défendre les intérêts de la filière et des producteurs, d’autant plus dans une période de crise inédite pour l’ensemble de l’agriculture française comme c’est le cas depuis plus d’un an. Afin d’accompagner les messages portés lors de ces rendez-vous, l’AGPB et l’AGPM, associations spécialisées de la FNSEA ont réalisé une plaquette « Céréaliers : agir avant qu’il ne soit trop tard » comprenant l’ensemble de nos principales demandes et revendications sur les dossiers de production, d’environnement et d’échanges commerciaux. Retour en synthèse sur les rendez-vous réalisés cette année :
• Président de la République
• Premier ministre
• Membres du Gouvernement : 16 ministres ont été rencontrés par l’AGPM dont les ministres de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ; des Transports ; du Commerce extérieur ; de l’Industrie et de l’Energie ; de l’Europe ; des Comptes publics ; du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles ; du Commerce, de l’Artisanat et des PME ; de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification ; de la Culture ; de l’Education et de l’Enseignement supérieur ; de l’Egalité Homme-Femme ; de la Ruralité et enfin la porte-parole du Gouvernement.
• Deux anciens Premier ministre : Michel Barnier et Edouard Philippe
• Parlementaires nationaux : des dizaines de parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat de tout bord ont été rencontrés, ainsi que la Commission des Affaires économiques du Sénat
• Instances européennes : rencontre du Commissaire européen à l’Agriculture ainsi que de plusieurs députés européens (François-Xavier Bellamy, Céline Imart, délégation Renew)
• Rencontres des Présidents de Régions ou des représentants des territoires : Île-de-France, Hauts-de-France, Pays de la Loire, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val-de-Loire, Bourgogne, Nouvelle-Aquitaine, Délégation de l’Association des Maires de France, Délégation de l’Association des Maires Ruraux de France
• Administration & autres parties prenantes : FranceAgriMer ; la direction scientifique Agriculture à l’INRAE ; l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) ; la direction eau et biodiversité du Ministère de la Transition écologique ; France Travail ; la DGAL ; le MEDEF ; la CPME ; France Industrie
et Eurofac.

L’occasion de collaborer avec d’autres organisations et… de parler au grand public !

Comme chaque année, le SIA 2025 a permis de mettre en lumière la filière maïs sous plusieurs angles, à la fois afin de porter l’ensemble de ses demandes mais également pour valoriser ses atouts, au travers de très nombreuses interviews presse et d’actions de communication grand public. Pour la partie presse, nous avons participé à 5 plateaux TV organisés par SEMAE, répondu à 5 interviews (Sud Radio, France 24, Libération, La France Agricole et L’Usine Nouvelle) et pris part à deux conférences au SIA Pro sur l’irrigation et l’emploi. Pour la partie communication grand public, le SIA 2025 a été l’occasion de lancer notre nouvelle campagne « Grain de Folie – Welcome to the pop corner » avec de très nombreuses actions qui ont reçu un excellent accueil : présence de notre mascotte « Bob Corn » pendant 3 jours entiers, organisation de 8 quizz pédagogiques de 2h avec distribution de goodies, nombreux posts sur tous nos réseaux sociaux (Facebook – Twitter – Instagram – Tik Tok), et distribution de pop-corn offert par la coopérative Océalia.