AGPM Info Technique n°492

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Observer les plantes aux champs : le meilleur moyen pour décider de la date de récolte optimale ! Le début de la campagne 2019 a été marqué par des températures inférieures aux normales. Si la période de canicule observée fin juin a permis un rattrapage des stades, les dates de floraison ont été proches de la normale dans la grande majorité des situations. Il est conseillé d’aller dans les parcelles observer les grains un mois après la floraison, ce qui permet de cibler la période optimale de récolte. Le scénario climatique exceptionnel du mois de juillet a parfois créé des situations de déficits hydriques irrémédiables. Dans ces cas précis, un diagnostic de la situation rapide est encore plus indispensable.

Maïs fourrage : assurer la qualité à l’auge

Anticiper pour une meilleur qualité

Le maïs fourrage est la base de l’alimentation hivernale de nos troupeaux. Il convient donc d’assurer le rendement et la qualité par une récolte au stade optimal. En conditions normales de végétation, l’objectif est d’ensiler entre 30 et 35 % MS de la plante. La période à laquelle ce stade est atteint dépend du groupe de précocité de l’hybride cultivé, de sa date de semis et des conditions climatiques. À partir de la floraison femelle (sortie des soies), on peut faire une première estimation de la période optimale de récolte. Celle-ci se base sur les besoins en somme de températures de la variété semée, et les sommes de températures habituellement observées sur la zone géographique. Mais le plus fiable pour un éleveur reste l’observation des grains 3 à 4 semaines après la sortie des soies. À cette date, il est facile de repérer l’apparition de la lentille vitreuse à l’extrémité des grains des couronnes centrales des épis. La lentille vitreuse, jaune dorée et difficilement rayable à l’ongle, correspond au dépôt d’amidon vitreux à l’extrémité du grain. La plante entière est alors, selon son gabarit et l’état des feuilles, entre 24 et 26 % MS. Cette valeur peut être modulée selon l’aspect de l’appareil végétatif. Si celui-ci est développé et si les feuilles sont vertes, la plante est entre 23 et 25 % MS. A contrario, si l’appareil végétatif est court et les feuilles sèches sous l’épi, la plante est entre 25 et 27 % MS.  À partir du stade d’apparition de la lentille vitreuse, il reste 6 à 8 points de matière sèche à acquérir pour atteindre le stade optimal de récolte, 32 % MS plante entière. En degrés jours, cela représente 140 à 180 degrés jours. En jours de calendrier, cela fait 15 à 25 jours selon les régions, la période de récolte et le scénario climatique de la fin de l’été et de l’automne…

Pour estimer la maturité de la parcelle, Il est recommandé de se référer à la grille de maturation des grains proposée par ARVALIS – Institut du végétal. Depuis quelques années, ARVALIS propose une cartographie d’estimation de date de début de récolte. L’objectif de cette carte est de sensibiliser éleveurs, CUMA et entreprises de travaux agricoles à l’avancement de la maturité des maïs pour déclencher les chantiers de récolte à temps. Sachant que dans chaque région, les chantiers durent 3 à 4 semaines, il faut commencer les récoltes suffisamment tôt pour ne pas finir à sur maturité.

Comment est construite la carte ?

Pour chaque « région », les experts d’ARVALIS ont défini le groupe de précocité dominant et la date médiane des semis. Avec les données météo de l’année en cours et les données statistiques sur les semaines à venir, il est possible de prévoir une période à laquelle le stade de récolte sera atteint. Afin d’étaler la période de chantier, et pour éviter les récoltes tardives à taux de matière sèche trop élevé, la carte propose une période de début de récolte par région, correspondant aux maïs les plus avancés. La carte ci-dessous prend en compte les températures relevées jusqu’au 26 juillet et les estimations jusqu’au 2 août. Cette prévision est régulièrement mise à jour sur le site www.arvalis-infos.fr.

Maïs fourrage touché par la sécheresse : faire un diagnostic avant de prendre la décision d’ensiler

En parcelles affectées par un déficit hydrique, l’objectif est de valoriser au mieux la situation en essayant de faire les meilleurs compromis. Il est nécessaire de récolter une plante « ensilable », c’est-à-dire à un taux de matière sèche (MS) qui permet la conservation, avec des feuilles encore vertes pour faciliter le tassement et le processus d’acidification, et sans trop perdre de chances d’augmentation de rendement si les conditions de culture redevenaient favorables. Dans des conditions chaudes, les plantes évoluent vite, et il faut veiller à ne pas se faire dépasser par la rapidité de la sénescence et d’évolution de la teneur en MS. Avant de prendre la décision d’ensiler, il convient de faire un diagnostic de la parcelle. Ce diagnostic prend en compte le stade de la plante lors de la visite au champ, le nombre de grains par m2, l’aspect de l’appareil végétatif et son potentiel d’évolution.

Quels impacts de la sécheresse sur la valeur alimentaire du maïs fourrage ?

Premier élément positif : la digestibilité enzymatique de l’appareil végétatif (dMOna) est en général élevée. En effet, le stress hydrique est souvent intervenu à un stade précoce (autour de la floraison) sur des plantes jeunes dont les tissus étaient peu lignifiés. Ainsi, malgré une teneur en amidon en retrait, la bonne digestibilité des tiges + feuilles permet à ces maïs ensilés précocement, d’afficher une bonne valeur énergétique proche de la normale (0.85 à 0.95 UFL/kg MS). Ces maïs se caractérisent également par une teneur en MAT correcte, liée essentiellement à un faible taux de dilution de l’azote dans la plante et à des fertilisations azotées adaptées à des niveaux de rendement de 20 à 50 % plus élevés. Dans ces cas où les maïs ont subi des conditions climatiques exceptionnelles, plus que jamais, l’analyse de fourrage reste incontournable et permettra de situer plus précisément les valeurs énergétiques et azotées de ces maïs afin d’adapter les rations à leurs caractéristiques.